Le recommencement
« … Mais? C’est quoi ce terrain? Où est-ce que je suis???
« Excusez-moi monsieur, ou est ma maison?
- Pfff j’en ai marre des SDF bourrés qui pensent qu’ils habitent quelque part!
- M… Mais j’ai une maison!!! Je vous jure!!! Elle était là!!!
- Bah peut-être que vous avez été enlevé par des extra-terrestres et qu’ils vous ont balancé ici alors!
- C’est possible ça?
- Non, crétin. »
« Vous! Vous étiez une amie de mon oncle Clément, vous étiez même venue visiter son jardin! Vous vous en souvenez, hein?
- De quoi parlez-vous jeune homme? Et puis vous êtes qui d‘abord?
- Je me rappelle que nous nous apprêtions, avec ma famille, à faire un long voyage jusqu’aux îles Twikki, et puis… le trou noir! Et je me suis retrouvé là!
- Si vous voulez un conseil, arrêtez la drogue jeune homme! »
« ALINE! Aline tu es saine et sauve Dieu merci!
- Pardon? On se connait? »
Mon petit-fils finit par se résoudre à l’évidence : il avait, d’une manière ou d’une autre, remonté le temps. Plus personne ne se souvenait de lui. Aline elle-même ne le reconnaissait pas. Le reste de sa famille avait disparu, il n’avait plus de toit et plus un rond en poche.
La vie était ainsi faite. Mes héritiers… n’avaient hérité de rien. Tout était à recommencer. Nos pierres tombales avaient disparu, nous ne pourrions désormais plus entrer en contact avec le monde des vivants. Il était seul au monde.
Enfin, pas tout à fait. Comme le malheur aime la compagnie, la chienne de feu sa cousine, Nicky, l’avait suivi.
Florian ne se laissa pas démonter. Il contacta une entreprise de construction qui lui bâtit illico un minable taudis. Mais au moins, il avait un toit.
Comme feu sa grand-mère à ses débuts, il tenta de se lancer dans la peinture… Disons poliment que le résultat ne fut pas à la hauteur de ses attentes.
Il pouvait en revanche être fier de sa chienne, car c’était grâce à elle et à sa carrière dans la sécurité qu’il arrivait à remplir son frigo.
Les jours passaient, les factures s’accumulaient, et mon brave petit garçon n’arrivait toujours pas à trouver un emploi (comme si c’était écrit, il s’était retrouvé avec le même désir à long terme que dans sa vie d’avant) dans la carrière du divertissement. En même temps, vu son caractère (très) peu commode, je voyais pas vraiment comment il pourrait réussir à faire rire les gens… à part à cause de ses fringues ridicules.
Pas un rond en poche, ça commençait à le déprimer sévère!
« Monsieur le psy! Vous vous en souvenez vous, hein??? Vous vous souvenez que j’ai eu une autre vie avant, vous étiez passé me voir un soir de noël! Je suis pas fou, HEIN???
- Chuuuut mon p’tit gars, je ne suis qu’un produit de ton imagination! Mais si tu m’as déjà imaginé un soir de noël, c’est que tu dois vraiment être dépressif! T’as déjà pensé à consulter un vrai spécialiste? »
Florian touchait (encore) le fond.
Et comble de malheur, le service des animaux vint, le soir même, lui enlever Nicky. En réalité cette couillonne avait la gamelle remplie à ras bord, mais ne daignait tout simplement pas aller manger. Et en voyant Florian faire la manche dans la rue, les services en déduisirent, sans même chercher à comprendre, qu’il avait pas de quoi nourrir sa chienne. La prochaine fois, faudrait peut-être lui acheter des croquettes moins dégueues. En attendant, Nicky coûtait cher : plus de deux mille simflouzes que Florian n’avait pas pour la récupérer.
Totalement dépassé par les évènements, Florian joua sa dernière carte en invitant Aline sur son piteux terrain. C’était la seule sim qu’il connaissait à être dans une situation pire que la sienne … On se souvenait tous que le jour de leur mariage, elle avait qu’un sou en poche… surtout moi.
Aline pouvait même pas s’offrir un toit, c’était pour ça qu’on la croisait tout le temps dans le parc. Elle était comme moi à son âge, quand j’avais débarqué à Montsimpa sans un rond. Elle se laissa facilement séduire (à nouveau) par Florian.
Après ce succès amoureux, Florian reprit confiance en lui et décrocha enfin un job dans le divertissement.
Il se hâta de récupérer sa chienne…
… et demanda Aline en mariage.
Cette pauvre fille, comme moi à son âge, n’attendait que ça! C’est donc sans surprise qu’elle lui demanda de célébrer le mariage sur le champ, avec pour témoins la boite aux lettres et la poubelle, et d’emménager avec lui.
Florian n’était plus seul et il avait un job. Le plus dur était désormais derrière lui.
Le printemps apporta, en outre, une bonne nouvelle : après être restée tout l’hiver à ne strictement rien faire à part jouer aux échecs, Aline décrocha enfin un emploi dans la carrière scientifique.
Florian, de son côté, enchaînait les promotions et des costumes plus ridicules les uns que les autres.
Un jour enfin, il réalisa son plus grand désir en devenant prestidigitateur, raflant au passage une aspiration de platine pour le reste de sa vie. A croire qu’il existait vraiment des gens quelque part qui le trouvaient drôle… Ils avaient du le voir dans ses vrais fringues.
Aline, de son côté, touchait de maigres salaires (à croire que dans ce pays, valait mieux être clown que chercheur scientifique pour toucher le gros lot…prestidigitateur, pardon) mais était promise à une belle carrière et aux promotions qui allaient avec.
Tiens tiens tiens…Ça vous rappelle pas quelque chose? Maintenant qu’il passait trois jours par semaine à ne rien faire, Florian décida qu’il était temps de faire fructifier le magot familial à vitesse grand V. Et quoi de mieux pour gagner beaucoup d’argent très vite que de se lancer dans le commerce de vieux tas de ferraille remis (presque) à neuf?
Surtout que le besoin d’agrandir… enfin, plutôt de construire une vraie maison commençait à se faire sentir. Florian n’allait pas en rajeunissant, et Aline non plus. Le couple avait donc décidé de mettre au monde un héritier avant que l’horloge biologique d’Aline ne se mette définitivement en grève.
Nicky non plus, n’était plus toute jeune. Elle ne faisait plus l’affaire dans la carrière sécurité, aussi Florian lui trouva un autre emploi plus reposant dans les services. Nicky était désormais chienne d’aveugle.
Une fois le dur labeur de remise en état des « ferrailles sur roues » terminé, Florian ouvrit enfin son commerce. Finalement, il était bien plus efficace que ne l’avait été son cousin Jean. Clément, sans le savoir, avait fait une sacrée bourde en ne lui cédant pas la succession.
Alors que Jean avait pour habitude de n’ouvrir le commerce que quand ça lui chantait, sous prétexte qu’on était déjà assez riche comme ça, Florian suait sang et eau pour ameuter les clients et les pousser à l’achat. Sans oublier qu’il s’était donné du mal pour remettre lui-même en état les voitures.
Il se consacrait à son affaire nuit et jour, quitte à se droguer régulièrement à l’Energiseur.
Son commerce commençait déjà à lui rapporter gros. Il mettait tous les jours de côté quelques dizaines de millier de simflouzes supplémentaires.
Aline accoucha en ne respectant pas la tradition familiale, c’est-à-dire ailleurs que dans la salle de bain.
Et revoilà notre petit Lucas!
… Si les services sociaux avaient pu voir ça!!! La rançon de la richesse, c’était que les parents (indignes) étaient toujours trop occupés avec leurs jobs respectifs pour ne serait-ce que prendre le temps de coucher le petit dans son berceau. A priori ça dérangeait personne qu’il dorme là, sauf la chienne.
Florian avait investi toute sa jeunesse et son énergie dans son travail. L’époque où il passait ses journées à glander devant la télé était bien loin à présent, je doutais même qu’il s’en souvienne lui-même. Le travail acharné l’avait coupé de son passé et de ses phases dépressives. Tout ce à quoi il aspirait désormais, était d’offrir un foyer à sa petite famille.
D’autant plus que Lucas grandissait et ne pourrait plus dormir dans la niche de la chienne.
… D’autant que la niche avait été vendue après la mort regrettée de Nicky, qui, à l’instar de son maitre, avait consacré sa vie à son travail.
Faisons un petit bond en avant…
Après avoir encaissé pas moins d’une trentaine de clients, Florian estima qu’il avait mis de côté assez d’argent pour enfin faire construire la maison de ses rêves.
Son nouveau commerce…
… ainsi que sa nouvelle maison coûtèrent la bagatelle de 230 000 simflouzes. Autant dire qu’une fois la construction et l’ameublement terminés, il leur restait déjà presque plus rien en poche.
Qu’importe, Aline, se révélant avoir des goûts de luxe, estima qu’il leur faudrait un majordome pour entretenir cette immense baraque. Ça c’était vraiment la bonne excuse pour pas faire le ménage.
En parlant d’Aline, elle eut droit à un superbe cadeau de Maxis pour son anniversaire : une veste de cowboy et une espèce de pantalon montgolfière qui lui remontait au moins jusqu’au nombril.
Lucas fêta à son tour son anniversaire. Comme quoi le hasard fait bien les choses, cet irrécupérable fainéant gagna, au grand loto de l’aspiration, une passion pour le plaisir!
Son père en revanche mettait plus que jamais la main à la pâte. Le commerce restait ouvert 24h sur 24 et c’était régulièrement la razzia sur ses voitures (ce qui était même étonnant, vues les couleurs qu’il proposait).
Les affaires marchaient fort.
En une semaine, il avait déjà récupéré ce que lui avait couté la construction de la boutique et de la maison, soit plus de 200 000 simflouzes!
Aline avait été promue savante folle, réalisant son rêve d'ado.
Quant à Lucas… Eh bien, je crois que cette petite canaille mériterait un récit à lui tout seul! Affaire à suivre...